À la Une : Compaoré à Ouagadougou…
« Voilà des semaines que la rumeur bruisse, d’Abidjan à Ouagadougou, s’exclame Jeune Afrique . Et si, huit ans après avoir été chassé du pouvoir par ses compatriotes, Blaise Compaoré était bientôt de retour chez lui, au Burkina Faso ? Ce scénario encore improbable il y a quelques mois doit se concrétiser dans les heures à venir. ‘Le principe d’un retour est acquis. Reste maintenant à peaufiner les dernières modalités‘, glisse un proche collaborateur de l’ex-président », interrogé par le site panafricain.
Le Monde Afrique relève pour sa part que « le gouvernement du Burkina Faso a confirmé, hier, que l’ancien président Blaise Compaoré était attendu à Ouagadougou demain vendredi pour une réunion d’anciens chefs d’Etat afin d’’accélérer la réconciliation’. Mais, s’interroge Le Monde Afrique, pourra-t-il vraiment fouler le sol burkinabé en homme libre ? Le 6 avril dernier, Blaise Compaoré avait été condamné par contumace au Burkina Faso à la prison à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, lors du coup d’Etat qui l’avait porté au pouvoir en 1987. »
Quid du dossier judiciaire ?
En effet, s’interroge Le Pays à Ouaga, « quid de son dossier judiciaire, quand on sait qu’il est sous le coup d’une condamnation à perpète par la Justice militaire ? S’achemine-t-on vers une grâce ? Comment cela sera-t-il accueilli par l’opinion nationale ? (…) Quelle forme prendra ce retour au bercail quand on sait que les Burkinabè restent encore divisés sur le sujet ? Est-ce que ce sera un retour en fanfare ou bien le voudra-t-on aussi sobre que possible, histoire de ménager certaines susceptibilités ? Toujours est-il que la question de la Justice reste en la matière, éminemment importante, si l’on ne veut pas créer de précédent dangereux. C’est pourquoi les autorités de la transition gagneraient à agir avec tact, estime Le Pays, pour que ce retour au bercail de Blaise Compaoré, que l’on peut aisément situer dans le cadre de la réconciliation nationale, contribue plus à rapprocher les Burkinabè qu’à les diviser. »
Petites combines ?
Pour L’Observateur Paalga, tout a été arrangé au préalable…
« Certainement (le chef de la junte, le colonel) Sandaogo Damiba a-t-il pris des engagements pour que Blaise puisse revenir et repartir sans être inquiété, et il s’en donnera les moyens. Mais il faut craindre que le conclave de Kosyam, censé contribuer à la réconciliation nationale, ne vienne au contraire nous en éloigner un peu, estime le journal. Ce que beaucoup de gens craignent également dans ces retrouvailles, ce sont ces petites combines entre ex. Un entre-soi politique qui n’aura pas d’impact réel sur la cohésion sociale et le vivre-ensemble dont nous avons tant besoin en ce moment. »
Le quotidien Aujourd’hui s’interroge en écho : « la réconciliation, oui, mais par où commencer ? où aller ? Doit-on enjamber la justice pour se réconcilier ? »
Tshisekedi-Kagame : quelles avancées ?
A la Une également, la rencontre Tshisekedi-Kagame hier à Luanda…
« Vers un accord de cessez-le feu », s’exclame Le Nouvel Observateur à Kinshasa. « Même si les observateurs ne notent pas de grande avancées, pointe le journal, il y a lieu de noter que ce sommet de Luanda s’est terminé hier par une annonce importante. Les présidents congolais et rwandais ont convenu de créer un mécanisme ad hoc pour observer la cessation des hostilités entre les deux pays, qui sera dirigé par un général des forces armées angolaises. »
C’est le « grand flou », note pour sa part Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC. « Un cessez-le-feu, une feuille de route, des déclarations de bonnes intentions… mais aucun détail n’a été donné sur les modalités de la désescalade actée par les présidents Tshisekedi et Kagame. Aucun communiqué final n’a été publié, et la seule vertu de cette rencontre semble avoir été de remettre autour de la table les présidents congolais et rwandais alors que la rébellion du M23 et l’armée congolaise continuent de s’affronter au Nord-Kivu. »
Et puis, autre problème, note encore Afrikarabia, « fin mai, le président congolais avait qualifié le M23 de +groupe terroriste+, espérant ainsi faire bouger la communauté internationale, et particulièrement les Etats-Unis. Personne n’a bougé, et en cas d’ouverture de nouveau round de négociations avec le M23, il va maintenant falloir expliquer à l’opinion publique congolaise pourquoi on accepte de négocier avec des +terroristes+. Un difficile changement de pied qu’il faudra justifier. »
Source: RFI